12 ans que le monde du jeu PC attendait ça. Une suite à l'un des plus grands jeux de Stratégie de tous les temps. Ou en tout cas, l'un des plus populaires et marquants. Starcraft. Je ne compte pas parler du multi, je laisse mes collègues de la section dédiée vous en parler. Le solo c'est une autre histoire. La campagne du 1er était tellement mémorable qu'il fallait bien sur la dépasser. Alors, pari accompli, Monsieur Blizzard ? La réponse dans ce nouveau test des Pifboum Chronicles.
Starcraft 2 : Wings of Liberty
Plate-Forme : PC/Mac
Test effectué sur : PC & voix anglaises
Date de sortie mondiale : 27 juillet 2010
Editeur : Blizzard Entertainment (Activision Blizzard)
Développeur : Blizzard Entertainment
Quand je parle de campagne mémorable. Je parle de sa construction en 3 saga distinctes, de la variété qui en émanait, de l'histoire racontée à travers des briefings dynamiques, des actions in game bien foutues et de rares cinématiques 3D aux moments clés. Pour l'époque c'était brillant. On ne s'ennuyait jamais vu les multiples retournements de situation et changements d'atmosphère ou d'objectifs. Même si on se retrouvait parfois un peu trop souvent avec du "vous êtes là, l'ennemi est là-bas, allez lui fouetter les fesses". Ca se terminait dans un donjon, avec Maitresse Domina.
...
Ou alors je confond avec ma soirée d'hier, je ne sais plus.
Non je ne ferais pas de titre de chapitre commençant par "Dans l'espace...", j'ai encore une dignité.
4ans après la fin de Brood War, Jim Raynor et ses Raiders combattent toujours la dictature d'Arcturus Mengsk. Hanté par la mort de Kerrigan, Jim a vu des jours meilleurs et passe un peu trop de temps en compagnie d'une bouteille de Whisky. Mais peut-être que l'arrivée de Tychus Findlay, un ancien pote sorti de tôle, avec un plan tout frais, à base de relique Protoss, sous le bras pourrait changer la donne et redonner à la liberté, ses ailes (Vous avez vu comment j'ai casé le titre dans mon résumé ? Je suis trop puissant). A moins que sa réapparition ne soit pas si innocente que ça.
On ne va pas se leurrer, à part pour quelques moments, l'histoire est assez basique. Il fallait bien que le scénario vous amène à combattre Terran, Protoss et Zerg sans distinction. Pas vraiment de grosse surprise. D'un autre coté, le jeu est assez honnête pour ne pas s'en cacher et prétendre à des mystères mystérieusement mystérieux.
En gros, l'histoire est une justification élaborée pour déboucher sur ça.
Par contre, des moments épiques, en veux-tu en voilà. Je pense notamment aux missions de fin. On fout une petite musique héroïque, un champ de bataille dévastés, des soldats fatigués mais attentifs et un bon gros Jim Raynor qui y va de son petit discours et c'est parti. C'est une recette simple, mais toujours efficace. Tant que c'est assez bien fait, je ne m'en lasserais jamais. Aide aussi, le fait que le petit gars soit surement le meilleur perso créé par Blizzard.
Le cowboy de l'espace, alcoolique et grisonnant, en guerre contre un gouvernement tyrannique, ça n'a rien d'original. Mais bien joué et avec les bonnes répliques, ça produit toujours son effet. Comme là.
Je regrette juste que l'aspect "alcool" soit trop peu développé. On comprend qu'il y a une certaine forme d'addiction, mais ça ne l'affaiblit ou le montre en position défavorable que trop rarement. Vu le coté "cliché qui fonctionne" du jeu, je n'aurai pas été contre quelque chose faisant un peu plus "Demon in a Bottle" avec une déchéance et une lente remontée vers la sobriété et la victoire.
Quoiqu'il en soit, le script est assez bien ficelé pour donner au joueur le choix de ses assignements et sans jamais inspirer une impression de répétition. Il sert aussi et surtout de justification aux conditions spéciales des missions. J'en reparle plus bas, mais chaque fois que le scénario avance un peu, il prépare le terrain pour le niveau suivant tout en justifiant les paramètres particuliers de chacun. Pyram en parlait dans un de ses Alt/Tab, mais là c'est l'exemple parfait de fusion entre la narration et le jeu. Expliquer le gameplay par l'histoire. Tout cela ne limitant pas le "jeu" uniquement au passage de pur RTS.
La passion secrète des Marines pour le pogo sera-t-elle révélée ?
Just walkin' through the front door puts a big smile on my face.
C'est très simple, une fois passées les premières missions du jeu, votre base sera le vaisseau Hyperion. Et c'est vachement un grand un Hyperion. On dirait pas comme ça. Il y a bien sur le pont, mais aussi une Cantina, un laboratoire et et une petite usine (Armory). Vous êtres libre de visiter chaque endroit entre les missions. Il est bien sûr possible de tailler une bavette avec vos différents alliés pour en apprendre plus sur l'histoire de chacun ou sur les prochains objectifs, mais il y a aussi des options alléchantes comme l'amélioration d'unités et de bâtiments. Là tout de suite, ça vous intéresse un peu plus, hein ? Que ce soit en dépensant les crédits accumulés ou les points de recherche glanés en remplissant des objectifs secondaires, les upgrade sont une facette importante de votre jeu. Surtout quand on sait que toutes ne seront pas disponibles. La plupart de ces bonus resteront exclusifs au mode campagne, vu les gros avantages conférés (aucun cout de Mana pour le camouflage des ghosts, par exemple).
Finalement, c'est clairement ce que j'ai préféré dans le jeu. Le choix des avantages, l'évolution du vaisseau, le travail sur l'univers et les persos. Ils sont tous uni-dimensionnels et basiques mais on s'y attache peu à peu. Tout comme voir son hangar se remplir de machines de plus en plus balaises. Sans oublier le Jukebox de la Cantina. "Une chanson appelée "A Shotgun, A Zerg & You" ? Formidable.
Ce que j'ai préféré sur l'Hyperion ? La picole !
Beaucoup de vieux, un peu de neuf, mais l'intérêt n'est pas là
Quant au jeu en lui même, je vais pas vous ré expliquer le principe.
Il faut collecter des minéraux et du gaz, les deux ressources principales, afin d'en avoir assez pour construire de nouveaux bâtiments et les unités qui en dépendent et aller détruire celles du ou des ennemis.
On va être honnête, ça n'a pas des masses évolué en 12ans. On a toujours les mêmes bâtiments, les mêmes unités, le schéma de jeu etc... Alors oui, il y a de la nouveauté dans les options de sélection, dans les unités, la gestion de la vision, des tweaks sur les anciennes etc, mais le cœur du jeu reste le même.
Pourquoi changer une recette qui marche ? Tout le monde semble très content comme ça. Ca me chagrine un peu quand même, surtout quand on voit ce qui a été fait avec la série des Dawn of War. Comme ça, j'attire aussi un peu l'œil sur le fait que Starcraft à la base, c'est un peu juste une autre vision des Space Marines, Tyrannides et Eldars.
Mais ce qui vous accrochera au mode solo n'est pas dans le système de jeu. Tout le monde le connait. Quel "vrai" joueur PC n'a jamais joué à Starcraft ? Non, ce qui fait du mode campagne de Starcraft un petit bijou dans le monde du STR, en plus du quota de moments épiques et de la partie "off", c'est ses missions. Au départ, elles sont organisées de façon à vous inculquer les bases. L'attaque, la défense, l'escorte, la turlutte au miel, vous (ré)apprendrez tout. Et puis on commence à mixer un petit peu, comme la gestion des cycles jour/attaque et nuit/défense dans "Outbreak". Mais surtout, on se retrouve avec des situations où les éléments, voire le temps sont contre nous ("Supernova", "Devil's Playground"). Toutes les facettes du jeu sont explorées avec des objectifs variés et même des secondaires avec une carotte au bout pour voir si vous avez des couilles. Il y a même une mini campagne Protoss. Par contre, on manque un petit peu de "Hero Mission" où l'on contrôle juste Raynor et ses potes sur une map sans gestion de base, c'était mes moments préférés du premier opus.
On trouve même toute une séquence basée sur l'attaque de trains. Que demande le peuple ?
Le déroulement de chaque objectif est généralement accompagné par des interventions alliées ou ennemies. Communications, dialogues, on vous garde dans le mouvement et immergé dans l'univers du jeu. Tout ça fait qu'aucun niveau ne ressemble vraiment à son voisin, on a toujours l'impression de faire quelque chose de nouveau. Et de devoir y adapter notre stratégie. Donc, on ne s'y ennuie jamais, mais surtout, cela consiste en un excellent entrainement pour le multijoueur plus tard.
Cerise sur le gateau, on a généralement le choix de missions suivant différents scénarios secondaires menant au grand dénouement.
Bon, par contre, la présence de choix moraux influençant (un peu) les subplots du jeu sans vraie conséquence pour le jeu en lui même derrière, c'est con. Je sais que c'est la mode mais parfois, c'est pas la peine d'en mettre juste pour le principe. Il n'y a que celui de fin qui est véritablement intelligent. En partie car il est assez pragmatique. Dommage qu'il débouche au final, sur une bête mission de défense, comme "final épique", j'ai vu mieux. Ca ne vient pas vraiment ternir une campagne d'excellente facture, mais je me devais de pester un peu.
Loo-loo-loo, I got some apples. Loo-loo-loo, you've got some too.
Beau comme un Zerg au clair de lune
Sur le plan technique, ce n'est pas "mégabeau", mais ça a le mérite de tourner de manière fluide sur beaucoup de configurations et avec assez d'effets et d'animations pour plaire à tout le monde. Les cinématiques ont aussi leur charme certain. Sans surprises, Blizzard a su s'adapter au plus grand nombre sans trop sacrifier la qualité graphique. Tout le monde, il est beau, tout le monde il est content. Les musiques sont d'excellentes facture. Très hollywoodiennes avec des reprises des thèmes du premier opus, mais c'est placé là où ça doit l'être et c'est très bien comme ça. Le voice acting des unités en VO par contre est d'excellente qualité comme le veux la tradition. Un peu comme les "easter egg" déclenchés quand on clique un peu trop sur une unité. Des références à Dirty Harry, Commando, Aliens (forcément) ou même à des "classiques" de Country et pleins d'autres. J'ai bien rigolé.
Voici une liste complète (en VO) ici.
Par contre, la VF est infame. Pour une fois la traduction est impeccable, les références et les blagues adaptées correctement, mais le jeu d'acteur est dégueulasse. Quoique, je suppose que si vous aimez vos Marines avec la voix de Dédé, pilier de bar depuis 1978, c'est une option acceptable.
Oooh toi, tu veux un gros calin !
Haut Fait, je t'ai pas dit...
Y'a des succès. Oulà, pardon des hauts faits. Et ils sont bien pensés. Certains sont de vrais défis ou objectifs facultatifs en plus de ceux "officiels", d'autres se débloquent plus naturellement avec la progression du scénar. Ils ne sont généralement pas donnés d'office et vous demanderont parfois plusieurs parties pour tous les glaner. Ils sont tout de même assez originaux et variés. D'autres développeurs devraient en prendre de la graine. C'est juste dommage qu'ils ne soient pas liés au gamertag de la Xbox, je me serais surement plus démené. Ca détruit quand même énormément leur utilité et leur attrait.
Concluons.
Ce deux n'est pas une révolution. Juste une bonne grosse mise à jour de Starcraft, autant sur le plan cosmétique que celui du gameplay. Ne cherchez pas quelque chose de révolutionnaire, vous ne le trouverez pas. Par contre, si vous priez chaque nuit pour un RTS avec une campagne bien scénarisée, variée et passionnante à jouer de la première à l'avant dernière mission, c'est Starcraft 2 qu'il vous faut. Tous les jeux de stratégie en temps réel scénarisés devraient être comme ça. Pari réussi, Monsieur Blizzard, c'est quand Heart of The Swarm ? J'ai hâte de voir comment vous allez vous en tirer pour nous refaire la même mais avec une race beaucoup moins "communicative". [9]